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Dé-googlisation

mardi 17 octobre 2017

Ciblage publicitaire, non respect de la vie privée, accumulation non sécurisée des données personnelles, non paiement d’impôts malgré des milliards de bénéfices... les multinationales de la toile ne se signalent pas toujours par leur éthique ou la robustesse des solutions qu’elles mettent gratuitement à notre disposition.

Si une partie de cette problématique dépasse la sphère des TPE et PME, il n’en reste pas moins qu’une gestion saine des outils numériques se traduira souvent par des gains de temps, et, parfois, réduira la probabilité de survenance de sinistres bien réels pour l’entreprise.

Qui n’a pas déjà été assailli de publicités après seulement quelques recherches dans le moteur le plus connu, publicités précisément ciblées sur ses centres d’intérêt et parfois sa localisation ?

Qui n’a pas découvert que ses données personnelles étaient susceptibles d’avoir été piratées sur les serveurs d’une société bien connue ?

Qui est prêt à abandonner sa correspondance professionnelle à la consultation et à l’archivage à l’infini par une société privée (et le cas échéant par un service de renseignement étranger) ?

Les services que mettent à notre disposition les GAFAM [1] sont simples à mettre en oeuvre, puissants, gratuits... mais selon l’adage, si c’est gratuit, c’est vous le produit ! Sommes nous disposés à mettre à la disposition de ces sociétés tentaculaires nos données personnelles, habitudes de consommation, environnement professionnel... sur lesquels peuvent être réalisés tous les tris, traitements, recoupements imaginables afin de nous scruter, cibler, influencer ?

Lutter contre cette situation n’est ni simple, ni rapide, et encore moins gratuit. Quiconque a initié sa propre démarche de « dégooglisation » constate qu’il ne pourra pas se débarrasser facilement de tous ces services indiscrets ou privateurs. Cependant, quel que soit le nombre d’étapes franchies, le combat mérite d’être mené.

Dans cet article, je vous proposerai un résumé de ma démarche, des choix faits et des alternatives possibles. Les outils évoqués sont soit « libres » [2] soit portés par des sociétés commerciales (plus) soucieuses [3] du respect de la vie privée.

Moteur de recherche

C’est une des étapes les plus simples à réaliser. Il suffit de remplacer le moteur de recherche utilisé (le plus souvent celui de Google), par une alternative telle que Qwant ou DuckDuckGo, pour ne citer que les plus connus, qui ne collectent pas de données sur leurs utilisateurs, ne les pistent pas.

Après une longue période sur DuckDuckGo, je n’utilise plus que Qwant depuis janvier 2016, moteur qui me donne toute satisfaction.

Courriels

C’est un des services les plus critiques à mon avis. Savez vous que Yahoo a été victime de plusieurs piratages, dont un concernant 500 millions de comptes utilisateurs et un autre 1 milliard ? Etes-vous conscient que Google lit puis analyse le contenu des courriels transitant par son fameux service Gmail, recense vos correspondants, croise ses trouvailles avec les informations, dont la localisation, provenant de ses autres services gratuits... tout ceci pour mieux vous cibler ?

Des alternatives existent, comme par exemple Protonmail, solution chiffrée de bout en bout, mais il est également possible de faire simple et efficace en enregistrant pour une somme modique un nom de domaine afin de disposer d’une adresse personnalisée, comme par exemple eric@martin.top [4].

Pour ma part, j’utilise par souci de sécurité l’adresse courriel rattachée à l’hébergement de mon site depuis de nombreuses années, et viens par principe de réduire à néant ou presque l’utilisation de ma boîte Gmail, pourtant jusqu’ici utilisée assez anecdotiquement et quasi uniquement dans le cadre professionnel, ce qui laissait peu d’informations personnelles à disposition de Google.

Je dispose accessoirement de boîtes sur des domaines personnels .ovh ou .top... car il est déconseillé, en dehors des solutions offertes par les GAFAM, d’utiliser les adresses fournies par les fournisseurs d’accès à internet, non pérennes [5].

Contacts, agenda

La problématique est voisine de celle des courriels. Il est tentant de laisser ses contacts ou son agenda stockés dans le nuage gratuit des GAFAM, afin de les retrouver facilement sur n’importe quel ordinateur ou téléphone mobile. Le problème est qu’il s’agit encore et toujours d’informations personnelles, sensibles... parfois stratégiques dans le cadre professionnel.

Lorsque l’on dispose d’un site internet, il arrive (c’est mon cas) que la formule d’hébergement inclue aussi la gestion des contacts et de l’agenda, et fournisse une interface simple pour réaliser la synchronisation de ces éléments avec son mobile (par CalDAV ou CardDAV), ce qui permet d’approcher le confort d’une solution Google ou Apple, la confidentialité en plus. On peut également opter pour un hébergement plus orienté courriels / contacts / agenda [6] que site internet.

A défaut, des solutions à l’abri des gloutons de la donnée personnelle sont disponibles, notamment en auto-hébergement (NextCloud ou sa dérivée Framagenda, CozyCloud...).

N’importe laquelle des solutions ci-dessus sera préférable à l’utilisation des outils Google, Apple ou autres.

Navigateurs

Afin d’être en cohérence avec les changements exposés plus haut, et d’en renforcer les effets, il conviendra d’éviter soigneusement les produits proposés par Google, Microsoft, Apple, c’est à dire Chrome, Edge (ou Internet Explorer), Safari... et de leur préférer Mozilla Firefox ou pourquoi pas Vivaldi, accompagnés au minimum d’une extension telle que uBlock Origin, diminuant les publicités, le ciblage et plus généralement le gaspillage de ressources (de temps pour l’utilisateur, d’énergie pour la planète...) lors des sessions de navigation.

Systèmes d’exploitation, messageries, réseaux sociaux...

Ces points concernent moins les TPE/PME, parce que l’investissement en temps et la remise en question des habitudes sont nettement plus importants, la problématique plus vaste. Certaines possibilités seront peut-être développées lors d’une mise à jour du présent article.

Je rappellerai néanmoins, rapidement, l’existence :

  • de nombreuses distributions Linux pour remplacer le système hégémonique Windows (moyennant des difficultés techniques pour continuer à utiliser les logiciels autres que ceux destinés à la messagerie, à la navigation sur internet, à la bureautique),
  • de messageries plus sécurisées (non accessibles aux GAFAM notamment) que Whatsapp, comme Telegram,
  • de réseaux sociaux plus qualitatifs et respectueux de la vie privée... et des bonnes manières comme Mastodon ou sa dérivée Framapiaf, par rapport à Twitter et surtout Facebook.

[1Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft... auxquel(le)s on pourrait ajouter Yahoo, Twitter, LinkedIn, change.org...

[2développés par une communauté en toute transparence et/ou en excluant la recherche systématique de revenus

[3pour autant que je puisse en juger

[4mon hébergeur actuel, Infomaniak, facture actuellement 3,90€ un domaine avec l’extension « .top », pour un an, incluant un espace pour un mini site internet, et surtout une boîte de courriels - non lus par l’hébergeur - de taille illimitée

[5c’est à dire vous contraignant à un changement d’adresse courriel en cas de changement d’opérateur

[61,5€ par mois chez Infomaniak, pour plusieurs boîtes courriels illimitées

Vos commentaires


  • En réponse à : Dé-googlisation

    Votre article est tout à fait pertinent et j’espère qu’il fera prendre conscience à un grand nombre des problèmes de confidentialité que posent certains acteurs Internet.

    Je rajouterai à vos excellentes préconisations, Signal comme logiciel de messagerie et téléphone crypté.

    Pour l’agenda, il y a Thunderbird, qui est un client de messagerie à installer sur votre PC et qui inclut l’agenda ReminderFox. Le tout est synchronisable avec votre smartphone Android à l’aide du logiciel MyPhoneExplorer. Thunderbird fonctionne avec tout type de serveur de messagerie...

    Mais attention aux téléphones Android et iPhone qui sont de véritables nids d’espions et maintenant à Windows 10 qui semble avoir suivi leur exemple, ce qui est un comble pour un système d’exploitation s’adressant aux entreprises ! (Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi Microsoft a proposé des mises à jour gratuites depuis Windows 7 et Windows 8 alors qu’avant il fallait payer ?)

    La solution pour assurer la confidentialité sur les téléphones est de les rooter (rendre accessible leur système d’exploitation) et d’installer un pare-feu qui bloquera toutes les applications, les empêchant ainsi d’envoyer des données confidentielles. Pas fous, Apple et Google Andoid ont rendu le root difficile, ce ne sera donc malheureusement pas à la portée de tous, mais il y a d’excellent didacticiel sur Internet.

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